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Savoir se parler – Pour une éthique de la parole dans le couple

  • luceheloir
  • 29 juil.
  • 3 min de lecture

Dans un monde saturé de discours, de notifications, d’avis instantanés et de réactions épidermiques, savoir se parler devient un acte presque révolutionnaire. Cela vaut aussi – et peut-être surtout – dans le couple. Car s’aimer ne suffit pas. Il faut encore apprendre à se dire. Se dire sans se détruire. Se dire sans dominer. Se dire sans se perdre.


La parole : outil de rencontre ou d'affrontement ?

Dans l’intimité, la parole peut être un lieu de refuge ou un champ de bataille. Elle peut rassembler ou fragmenter. Elle peut relier deux subjectivités ou ériger entre elles un mur d’incompréhension. Pourtant, paradoxalement, la parole reste le seul outil véritablement à notre disposition pour créer du lien. Il ne s’agit pas seulement de s’exprimer, mais de co-construire un espace commun où chacun puisse exister pleinement.

Or, trop souvent, nous parlons pour convaincre, pour avoir raison, pour corriger l’autre, ou même pour le punir. Nous oublions que la parole, lorsqu’elle est chargée d’intention de blesser ou de se défendre à tout prix, devient une arme. Et dans un couple, lorsque chacun brandit sa vérité comme une épée, il ne reste bientôt plus que des silences amers et des cœurs retranchés.


De la parole performative à la parole relationnelle

La communication constructive, à l’inverse, invite à une éthique de la relation. Elle ne vise pas à imposer un point de vue, mais à témoigner d’une réalité intérieure. Il ne s’agit plus de dire « Tu as tort », mais « Voici ce que je ressens ». Ce déplacement, bien que subtil, est fondamental. Il marque le passage d’un langage du pouvoir à un langage de la rencontre.

Dans cette optique, parler n’est plus un acte performatif visant à produire un effet sur l’autre, mais un acte d’exposition de soi dans sa vulnérabilité. Je me rends visible. Je m’ouvre. J’accueille aussi ce que l’autre a à me dire. On quitte alors la logique binaire du gagnant/perdant pour entrer dans une logique coopérative : comment avancer ensemble à partir de ce que chacun vit ?


Le couple, espace politique de la parole

Le couple est un espace micro-politique. Il met en scène les tensions entre l’individu et la relation, entre les blessures anciennes et les aspirations présentes, entre les habitudes héritées et les choix conscients. Dans cet espace, la parole joue un rôle central. C’est elle qui nomme les besoins, qui alerte sur les blessures, qui tisse la mémoire commune.

Mais cette parole-là ne s’improvise pas. Elle suppose une intentionnalité : je parle pour créer du lien, pas pour prouver que j’existe. Elle suppose aussi une discipline émotionnelle : je différencie mon émotion de la personne en face. Elle exige enfin un certain courage : celui de dire ce que j’ai à dire sans exiger que l’autre me comprenne tout de suite, sans le contraindre à changer sur-le-champ.


Réapprendre à se parler

Réapprendre à se parler, c’est aussi désapprendre les automatismes défensifs. C’est quitter les reproches implicites, les sarcasmes protecteurs, les silences saturés de rancune. C’est renoncer à la jouissance d’avoir le dernier mot pour retrouver le goût d’un dialogue vivant. C’est apprendre à transformer un reproche en besoin exprimé, une critique en demande concrète, une plainte en appel au lien.

Ce travail n’est pas facile. Il touche à nos blessures, à notre sentiment d’abandon, à nos manques d’enfance parfois. Mais il est libérateur. Parce qu’il nous rend à notre humanité dialoguante. Parce qu’il nous sort de la répétition. Parce qu’il nous offre une chance de créer un nous qui ne soit pas une fusion étouffante, mais une coexistence lucide et choisie.


Pour conclure : se parler pour se choisir

Se parler vraiment, c’est se choisir. Pas une fois pour toutes, mais à chaque conversation difficile. C’est choisir de croire que l’autre ne me veut pas du mal, même s’il me blesse. C’est choisir de croire que derrière chaque reproche, il y a peut-être un besoin non entendu. C’est choisir de ne pas laisser la colère parler à notre place.

Dans un monde bruyant, où l’on parle beaucoup mais où l’on s’écoute peu, savoir se parler devient un acte d’amour adulte. Un acte humble, exigeant, mais profondément transformateur.


Luce Heloir

Sexologue - Thérapeute de couple


 
 
 

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